Le petit prince

 

 Saint-Exupéry fait dire au renard dans Le Petit Prince : 

« L'essentiel est invisible pour les yeux »
 

Cette vision de «l'essentiel» par l'auteur-poète, marathonien du ciel, montre, peut-être, à quel point le poète est choisi par «l'invisible» comme passeur du réel si «invisible» pour les yeux. 

Aujourd'hui, l'approche quantique de la physique aide à appréhender l'idée que nous ne «voyons» que «1%» du réel. Et dire que des saints et des terriens s'évertuent à marteler «qu'ils ne croient que ce qu'ils voient» Comme quoi ce qu'il croit repose sur presque rien ! 

Aujourd'hui, notre méconnaissance collective du réel s'étend jusqu'à 96 % de la matière qui compose l'univers. Or, l'univers, n'est-il pas cette «usine à gaz» qui a écrit les premières phrases de l'acte de naissance de notre espèce en nous faisant évoluer de «l'essentiel» jusqu'à la création de nos yeux ? 

Ces «yeux» qui ont tant de difficultés à reconstituer notre chemin : ils cherchent le visible au lieu de s'élever à l'invisible. 

 

«Le poète a toujours raison» chantait l'artiste Jean Ferrat en mettant en notes des mots du poète devenu stalinien, Louis Aragon. 

 Il est probable que l'état d'inspiration du poète, «celui qui fait» en grec, soit proche d'un état de transe, transe de la conscience à naître. «Transe» signifiant un état de transmission de l'invisible vers le visible, un état où passés, présents et futurs retrouvent leur unité originelle, celle nourrit par leur liquide amniotique naturel, l’espace temps. 

 

Le poète est un passeur que la toile du réel utilise et canalise comme un champ magnétique, dans ses moments d'inspiration, pour semer dans des champs en friche des images, graines de connaissances «invisibles pour les yeux»

L'Art ne peut être qu'un acte de création du point de vue de l'espèce humaine alors qu'il est probablement un acte de transmission du point de vue du réel c'est-à-dire l'espace-temps-énergie-matière. 

Une fois de plus, sa fonction «essentielle» a été dévoyée par la combinaison de la loi de la nécessité et celle des hors-la-loi, spéculateurs de la créativité. 

L'artiste et le chercheur dit «scientifique» ne devraient-ils pas se contenter d'être les interprètes d'un espace-temps et d'une énergie-matière qui se désespèrent de n'être découverts comme esprit et imaginaire ? 

 «Se contenter» signifie là «être heureux» de s'élever à cet état-là par soi-même et pour soi-même comme expression d'un désir de la conscience collective d’avancer pas à pas. 

                                                                        
Le créateur de l'école